Le dynamisme indien en matière d’innovation, et notamment d’innovation frugale, à dimension sociétale et durable, paraît découler de différents facteurs :

• Des politiques publiques à deux vitesses, avec des décisions qui parfois peinent à aboutir dans un contexte de recherche du consensus interministériel, mais également des prises de position fortes, ambitieuses tant dans leurs objectifs que leurs délais de mise en œuvre, issues du plus haut niveau du gouvernement,
• Un réseau de think-tank positionnés en conseil des politiques publiques et qui se caractérisent par leur agilité et leur capacité à se positionner à l’interface de la R&D, des enjeux du terrain et des contraintes du passage à l’échelle auprès du secteur privé,
• De nombreuses initiatives issues de la société civile : confrontés à des besoins impérieux non couverts par les politiques publiques, les porteurs de projets se positionnent sur des solutions dans des approches holistiques et frugales,
• Les projets évoluent dans des champs de contraintes forts : société indienne multi-culturelle, capacité économique contrainte (en investissement comme en pouvoir d’achat), qui incitent à l’intelligence de projet : design thinking, approche systémique, optimisation des ressources physiques et humaines (réseaux, acteurs).

Plus qu’un levier parmi d’autre, l’innovation frugale est en Inde une nécessité pour impulser le changement. Les modèles de développements occidentaux (appliqués par exemple aux grands projets type barrage, aéroports,…) peuvent en effet générer des protestations fortes auprès de la population indienne, habituée au modèle frugal.

” Factors to make change happen in India are : a strong sociological approach, a participative method (co-creation), establishment of a strong on-ground evidence before addressing larger social concern.” Citation Dr Manu Prakaj, TARU

C’est cette culture de la frugalité, certes née de la contrainte, qui amène aujourd’hui les acteurs internationaux de l’innovation à s’inspirer de l’expérience indienne.