Tour d’horizon – Allemagne

Introduction

Les idées fortes, la cohérence des points de  vues, les convergences ou les divergences

Les enseignements majeurs et préconisations

Les enseignements majeurs et préconisations

Deux systèmes de pensée

La thématique du développement durable au sens large a le plus souvent suscité de la part de nos interlocuteurs une attitude d’approbation, sans remise en question de la nécessité d’agir, alors même que l’engagement des personnes, institutions ou entreprises rencontrées se montrait assez variable, de très engagées jusqu’à quelquefois modeste (exemple Volkswagen). Dès lors que la notion de sobriété s’invitait à la conversation, nos interlocuteurs s’identifiaient le plus souvent à un système de pensée qui dominait ensuite leur discours. Certains tournaient spontanément leurs regards vers l’innovation sous toutes ses formes, qui par une optimisation drastique, une rupture des modèles, permettrait de maintenir un mode de vie s’inscrivant en progrès par rapport à l’actuel, tout en en restant assez proche. Nous retrouvons sous cette bannière plusieurs de nos interlocuteurs dans les différents Fraunhofer Instituts, des industriels, des acteurs de la « Green Tech », ainsi que les politiques continuant à voir dans la transition énergétique aussi une opportunité de croissance pour l’Allemagne.

D’autres interlocuteurs s’intéressaient davantage à la recherche d’autres modes de consommation, plus sobres en ressources, partant du constat que l’innovation permettait l’optimisation des systèmes actuels de production et de consommation, mais que l’essentiel du progrès viendrait de changements plus drastiques : accompagnement vers de nouvelles formes sociétales, innovation frugale, urbanisme et logements économes voire neutres, production et stockage d’énergies renouvelables utilisées sur place, etc.

C’est dans la combinaison des deux approches que nous pourrons rechercher nos propositions. Le développement durable, la sobriété, donnent du sens au progrès, en revenant vers l’origine de l’humanité.

La sobriété – d’abord un débat sémantique

Le terme de sobriété fait réagir nos interlocuteurs – en premier lieu par rapport à son usage le plus commun (est sobre celui qui ne consomme pas d’alcool). Il se rapporte ensuite à des références morales, historiques ou culturelles de tempérance, jusqu’à ses formes plus extrêmes que sont la frugalité ou l’ascétisme.

Ces acceptions du terme de sobriété portent des valeurs souvent antagonismes à celles du plaisir, du désir, de la plénitude des expériences, leviers essentiels dans la communication des marques dans le monde occidental. Ce constat nous amène à une première conviction : la sobriété est a priori une notion peu « vendeuse » et demandera un travail important de marketing si elle devait être promue à large échelle. Créer le désir, la motivation, plutôt que « décréter » la sobriété… → la sobriété qui fait en quelque sorte du bien à chacun mais qui demande d’abord un effort tout à fait faisable et facile d’accès à chacun de nous.

La sobriété se retrouve à toutes les étapes de la chaîne de valeur : dans l’innovation frugale, dans l’optimisation de la production, dans la consommation, dans le financement. Elle repose aussi sur des appréciations du lien entre objet, usage, utilité sociale et prix, qui peuvent varier selon les cultures, les groupes sociaux, les valeurs personnelles.

Un écosystème favorable à l’innovation

Les Fraunhofer Instituts, incarnant la proximité entre recherche publique et privée, jouent un rôle important dans la création d’un écosystème favorable à l’innovation. Financés pour une très large part par des contrats avec des entreprises ou des projets internationaux, ils restent néanmoins en lien fort avec la recherche universitaire, dans les secteurs qui nous intéressent ici : l’innovation dans le domaine du solaire (électricité, chaleur, froid, fonctionnement des systèmes), l’industrie 4.0, l’innovation frugale, la recherche sociologique favorisant la communication et l’échange dans des structures sociales et culturelles, …

Au-delà de cet écosystème à la pointe de l’innovation, se créent des lieux d’échange et de discussion pour provoquer l’innovation, favoriser et porter l’initiative individuelle.

Nous avons rencontré quelques innovations dans le domaine sociétal, mais de manière sporadique. La culture du consensus, la force du collectif, présentes en Allemagne, sont des facteurs favorables. Mais dans ce domaine plus encore que dans d’autres, les enjeux de montée en échelle restent majeurs. L’innovation des modèles sociétaux est-elle davantage une innovation de l’infusion qu’une innovation de rupture ? L’art de la trajectoire n’y est que plus déterminant.

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