Tour d’horizon – Inde

Introductions

Les idées fortes, la cohérence des points de vues, les convergences ou divergences

Les enseignements majeurs et préconisations

Introduction

Les défis qui s’imposent à l’Inde sont nombreux :

  • Une croissance démographique qui fera bientôt du pays le plus peuplé du monde devant la Chine[1],
  • une nécessité induite de création de nouveaux emplois à hauteur d’environ 1 million par mois,
  • un Indice de Développement Humain en augmentation notable (+ 46 % entre 1990 et 2015) mais dont la valeur (0,624)[2] place le pays au 131ème rang sur 188,
  • des inégalités marquées (Coefficient of Human Inequality : 26,5[3] en 2015, soit 118ème rang mondial),
  • un taux d’alphabétisation de 72,1 % en 2015 (118ème rang mondial)[4], alors qu’un recensement de 2001 dénombrait 234 langues maternelles dans le pays, dont 122 langues importantes et 22 listées dans la huitième annexe de la constitution. L’anglais constitue la première ou seconde langue de 12 % de la population,
  • une dépendance énergétique au charbon national et au pétrole du Moyen-Orient et de Malaisie, à mettre en regard :
    • de l’augmentation des besoins énergétiques, liée à la croissance démographique et économique,
    • des 300 millions de personnes n’ayant pas accès à l’électricité (source Agence Internationale de l’Énergie),
  • des enjeux de territoires prégnants : villes tentaculaires victimes de pollution aux particules et de congestion (Delhi compte de l’ordre de 3 000 véhicules supplémentaires par jour), bidonvilles, espace ruraux reculés non connectés au réseau électrique, …
  • des ressources en eau insuffisantes par rapport aux besoins et très dépendantes de la mousson,
  • une économie informelle prédominante (elle emploie plus de 80 % de la population), et 60% des Indiens en dessous du seuil de pauvreté.

Face à ces défis, l’Inde présente des atouts considérables, parmi lesquels une croissance spectaculaire à 7% et un stratégie de développement qui mise sur l’économie tertiaire, de service, sans passer par la phase classique de développement industriel avec les impacts environnementaux lourds induits observés par exemple en Chine. Cette économie tertiaire a beaucoup misé sur le secteur des nouvelles technologies et de l’innovation. Ainsi, les ingénieurs indiens ont largement contribué aux succès de la Silicon Valley[5] et la National Association of Software and Services Companies estime que l’Inde comptera 11 500 start-ups en 2020 qui emploieront 250 000 personnes. Bangalore est le 4ème centre technologique du monde.

Parallèlement, les politiques publiques engagées misent également sur le saut de développement, avec un certain nombre de réformes lourdes s’appuyant sur la digitalisation (GST[6], Aadhar[7], démonétisation[8]) et dont la mise en œuvre s’est faite dans des délais record dans un pays aussi peuplé.

Les ambitions nationales pour développement durable visent également la disruption. La consommation énergétique par habitant en Inde est très faible à l’échelle mondiale[9], mais cette valeur est à rapporter à l’Indice de Développement Humain, qui a vocation à significativement augmenter. La politique  indienne dans ce domaine vise un développement humain qui ne serait pas accompagné de son corollaire habituel : l’augmentation de l’empreinte carbone par habitant.

Ces ambitions se sont notamment traduites par la ratification, en octobre 2016, de l’Accord de Paris sur le climat visant à contenir le réchauffement climatique sous le seuil des 2°C.

Les énergies renouvelables, une croissance inclusive et le soutien à l’innovation constituent à la fois des leviers à la disposition de l’Inde pour atteindre ces objectifs et des points d’intérêts pour la mission FNEP 2017.

[1] Les récents travaux d’un démographe américain suggèrent que l’Inde pourrait d’ores et déjà avoir dépassé la Chine avec 1,33 milliards d’habitant contre 1,29 milliards en Chine. Source : Financial Times, 25 mai 2017, « India may be more populous than China, research suggests »

[2] Source PNUD, chiffre de 2015

[3] Source PNUD

[4] Source PNUD

[5] L’inventeur de la prise USB, celui de la puce Pentium d’Intel, le DG de Microsoft et une grande partie du senior management de Google sont indiens – Source « L’art indien de l’innovation » – Paris Innovation Review, 10 octobre 2016

[6] GST : projet de TVA nationale fédérale mis en œuvre durant notre séjour en Inde et visant à fluidifier les échanges commerciaux intérieurs.

[7] Programme Aadhar : numérisation de l’identité des citoyens indiens (informations biométriques et démographiques). 99% des Indiens de plus de 18 ans recensés en juin 2018, soit 1,154 milliards de personnes.

[8] Le 8 novembre 2016, le gouvernement décidait de la démonétisation des billets de 500 et 1000 Roupies. Ces billets, qui représentaient 85% des coupures en circulation devaient disparaître dans un délai de 2 mois au profit de Aahdhar Payment (application de paiement mobile).

[9] L’Inde en tant que pays est toutefois le troisième pollueur mondial.

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